Pape François Bilan de dix ans de pontificat

Auteur: Roberto De Mattei

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Pape François Bilan de dix ans de pontificat

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Préface de Bernard Antony

Historien et Professeur d’université à Rome, Roberto de Mattei est spécialiste de l’Histoire de l’Église catholique et c’est à ce titre qu’il fait le bilan des dix ans de pontificat du pape François. Son ouvrage regroupe ses éditoriaux parus dans Correspondance européenne, l’organe de son agence d’information. Roberto de Mattei donne dans son livre des clefs d’interprétation des propos du pape François et a consacré évidemment un chapitre à sa troisième encyclique Fratelli Tutti, signée le 3 octobre 2020, à Assise. « Presque le document conclusif de son pontificat, écrit-il, une sorte de testament politique. » On admirera ensuite la pertinence de ses commentaires. Pour les résumer : quel triste remplacement de la foi catholique par l’idéologie de la Révolution française ! L’auteur évoque aussi la rencontre du pape et d’Ahmad al-Tayyib, le Grand Imam de l’université al-Azhar, avec lequel il a signé à Abu Dhabi, le 4 février 2019, le Document sur la fraternité humaine pour la paix et la coexistence dans le monde. Il observe que le pape François a rappelé dans Fratelli tutti la célèbre rencontre en Égypte entre saint François d’Assise et le sultan Malik al-Kamil. Mais, François Bergoglio ne prétendait-il pas réussir là où saint François d’Assise a échoué ? Comment ne pas observer également la puissance de l’attraction qu’exerce sur lui, outre l’islam, l’autre grand totalitarisme de notre temps : le communisme ? Si bien que François se garde bien de reprendre à son propos l’expression de Pie XI : « Le communisme est intrinsèquement pervers » (Divini redemptoris). Non seulement il ignore cette immense perversion, non seulement il visite très aimablement Fidel Castro, mais il a naguère accepté sans réagir que son très proche Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, argentin lui aussi et qu’il a nommé chancelier de l’Académie pontificale des sciences, puisse émettre la monstrueuse énormité selon laquelle : « En ce moment, ceux qui mettent le mieux en œuvre la doctrine sociale de l’Église, sont les Chinois. » Dans cette logique, on saisit avec Mattei pourquoi François n’a jamais évoqué les responsabilités de la Chine communiste lors de la pandémie de coronavirus. Pourtant, « s’il y a un pays où les droits de l’homme sont violés, écrit Mattei, c’est bien la Chine ». On pourrait préciser : « Les droits de l’homme sans Dieu » (DHSD) et ajouter « immensément violés ». On lira bien sûr avec attention les lumineux propos de Mattei dans son chapitre intitulé « Traditionis custodes : une guerre au bord de l’abîme ». Par ce motu proprio, François avait hélas tenu à rompre la ligne de son prédécesseur. Mattei rappelle ici : « Devenu le pape Benoît XVI, celui qui, en tant que préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, avait toujours mis la liturgie au centre de ses préoccupations, promulgua le 7 juillet 2007, le motu proprio Summorum pontificum. Ce texte rendit son plein droit d’existence à l’ancien rite romain qui, juridiquement, n’avait jamais été abrogé mais s’était trouvé, de fait, interdit pendant quarante ans. » On relira encore dans cet article les tristes lignes de François, d’une motivation à l’évidence idéologique, commentant l’enquête sociologique dont il avait chargé la Congrégation pour la doctrine de la Foi pour préparer son motu proprio. Mattei écrit : « La posture idéologique qui consiste à considérer a priori comme sectaires les groupes de fidèles liés à la Tradition liturgique de l’Église est évidente. On parle d’eux comme de séditieux qu’il faut surveiller sans critères de jugement, on limite le droit de s’associer et on empêche l’évêque de pouvoir approuver de nouvelles associations, en limitant ainsi le droit de l’ordinaire… » Roberto de Mattei, dans la logique de ses réflexions sur les apparitions de Fatima, titre un de ses derniers chapitres : « La Russie va-t-elle diffuser ses valeurs dans le monde ? » « Quelle que soit l’opinion que l’on a de Poutine, dit Mattei, il n’y a certainement pas eu de conversion de la Russie à la vraie foi ni de triomphe du Cœur Immaculé de Marie. « Ceux qui croient que la Russie répand dans le monde non pas ses erreurs mais ses valeurs inversent le message de Fatima. Ce renversement de perspective est évident dans le discours que le philosophe du régime de Poutine, Alexandre Douguine, a prononcé à Moscou le 27 octobre, lors du XXIVe Conseil mondial du peuple russe, dont le patriarche de l’Église orthodoxe Kirill est le président. » Commentant ce discours, Roberto de Mattei avertit d’une part combien « nous sommes confrontés à une philosophie déformée de l’histoire, qui confond l’Occident avec sa dégénérescence… » Et d’autre part, tout ce que le monde doit à l’Occident, cet « espace géographique englobant l’Europe et les deux Amériques, qui a recueilli les valeurs de la Grèce et de Rome, en les vivifiant avec la foi catholique ». « La Sainte Russie que Douguine oppose à l’Occident, explique Mattei, est la “Troisième Rome” orthodoxe qui, depuis le xvie siècle, considère la religion catholique et la papauté comme le pire ennemi. Le patriarche Kirill, qui a milité avec Poutine au sein du KGB, héritier de la Tcheka, la police de la terreur soviétique, est présenté comme le champion de la Sainte Russie qui doit “évangéliser” le monde. »

R.H.

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