Tout simplement un roman captivant où se croisent le rôle de notre aéronavale dans la guerre d’Algérie et la mémoire des derniers Russes blancs à Bizerte issus de l’exil de la marine tsariste accueillie dans notre grande base maritime en Tunisie après la victoire bolchevique.
Une thématique que notre ami Jean Raspail n’eût pas dédaignée !
Mais d’abord, quelques lignes sur l’auteur de l’ouvrage dont l’itinéraire éclaire la genèse. Robert Peltier, né en 1936, a eu d’abord le bonheur d’une enfance marquée par ses séjours en Suède, en Union Soviétique, et autres pays et bien sûr à Paris à la suite de son père, officier et diplomate.
Diplôme d’ingénieur en poche, notre auteur, appelé sous les drapeaux, va devenir successivement officier de Marine et pilote de chasse dans « l’aéronavale » de notre Marine nationale.
Il décida d’en démissionner en raison de la manière abominable dont était abandonnée l’Algérie.
Il poursuivra ensuite une carrière de diplomate à l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale, dans l’assistance aux gouvernements africains pour la sécurité aérienne.
Mais Robert Peltier qui, dès son enfance, s’est imprégné de la langue et de la culture russes et des traditions de la vieille Russie est aussi le traducteur de poésies par lui choisies de l’écrivain Lermontov (ed. Vibration).
Son Contre vents et marées nous amène dans la double passion, non sans tension :
– du jeune officier pilote breton Hervé Le Coz pour sa vocation de combattant pilotant ses Corsair basés à Bizerte en appui des troupes de paras et légionnaires en opérations sur des terrains difficiles.
– pour sa fiancée et plus tard sa merveilleuse, et pas toujours facile, épouse Irina Serguiévna Vorojeskina.
Avec un admirable talent de conteur et toute sa compétence de pilote, Peltier nous transporte de l’ambiance du pont d’envol du « La Fayette », ancêtre de notre actuel porte-avions, aux catapultages souvent difficiles et non sans dangers des vieux avions Corsair missionnés vers quelques zones de combat de la Kabylie, telles celles des Aurès Nementcha où crapahuta longtemps notre légendaire Roger Holeindre.
Et, pour Hervé Le Coz et Irina comme, on s’en doute, pour Robert Peltier, est venu le mauvais temps de la fin de la guerre d’Algérie, le temps horrible du reniement de la parole donnée par un général que l’on aurait pu croire dans la tradition spirituelle d’un Charles Péguy et non dans une indifférence machiavélique au sort de dizaines de milliers de compatriotes harkis voués aux pires supplices pour leur fidélité à la France.
En cette partie du livre, le romancier cède la place à l’historien. Ainsi, Peltier narre sans emphase les épisodes du massacre de la rue d’Isly ou évoque les opérations des commandos Delta de Roger Degueldre en représailles aux ignominies des barbouzes.
Le livre néanmoins se termine sur une note d’espérance : celle que manifeste Irina attendant son deuxième bébé et qui, « avec un rire frais montra son ventre qui s’arrondissait ».
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