Hoà, c’est une petite fille vietnamienne, personnage central de ce magnifique livre. Je ne dis pas « roman ». Car, dès les premières pages, on sent bien que la trame romanesque d’une narration à la première personne par le personnage de Jean évoque beaucoup plus de vécu, beaucoup plus de réalité que d’imaginaire.
Jean a un jour répondu à l’appel de son oncle, le père Harald, prêtre jésuite qui, depuis des années, entièrement consacrée à l’amour du Christ, œuvre dans l’immense camp de réfugiés de Site 2 sur la frontière du Cambodge en Thaïlande.
Dans cette véritable agglomération de la survivance cambodgienne, Jean a rencontré Hoà dans une maison d’accueil d’orphelins à laquelle se consacre la belle princesse Myra, une des rescapées de la famille royale cambodgienne des Sihanouk.
Hoà s’est retrouvée là après l’atroce massacre par le Vietcong de sa mère brûlée vive avec tout un groupe de Vietnamiens. Miraculeusement sauvée, elle a connu les péripéties terribles d’une fuite à l’issue de laquelle, avec un groupe de familles de demi-Khmers du Vietnam, elle a pu se retrouver là, dans ce camp que nous avons jadis visité, Roland Gaucher, Alain Sanders et moi.
Ce n’est pas Jean qui a adopté Hoà mais l’inverse. C’est la petite fille qui a décidé, qui a imposé, avec l’approbation de Myra, que Jean serait son père adoptif. Mais n’allons pas plus loin dans la présentation du récit.
Quel beau cadeau que me fit une chère religieuse bénédictine en m’offrant ce livre d’Yves Meaudre, persuadée sans l’ombre d’un doute que je l’apprécierais.
Le mot est bien faible, je l’ai passionnément aimé : un de ces rares livres que, lâchant pendant quelques heures tout le reste, on ne peut refermer avant la dernière ligne.
Lire Hoà, c’est comme atteindre une oasis de fraîcheur, de pureté, de vérité alors que déferle de partout les égouts d’abomination de la perversion idéologique et de la décomposition morale.
C’est une œuvre bellement humaine, bellement chrétienne, à la fois délicate et réaliste, conjuguant une grande finesse d’analyse psychologique et la poignante évocation des implacables systèmes marxistes-léninistes, celui du communisme vietnamien et celui, encore descendu plus profondément, plus massivement dans l’œuvre de mal et de mort, des Khmers rouges.
C’est au contact de tels enfers dans lesquels peut s’exercer la cruauté humaine la plus atroce que surgissent aussi des êtres voués au bien, entièrement portés par l’amour et l’indestructible espérance.
Hoà est un livre superbe, à mettre entre toutes les mains, profondément humain parce que profondément chrétien. Un de ces livres bellement réussis que l’on peut aimer et méditer à tout âge, à la lumière de ce que l’on sait de l’homme et de la vie.
Il fallait, pour le produire, toute la puissance d’amour d’un Yves Meaudre pour les peuples d’Indochine qui nous furent si proches et pour les enfants du Mékong qui sont aussi aujourd’hui des enfants de la France.
C’est l’occasion ici, pour moi, en conclusion, d’un affectueux hommage à Yves Meaudre et à toute son équipe autour de nos amis François Foucart et Didier Rochard.
Bernard Antony
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