Presque trente ans ont passé depuis le rappel à Dieu de Louis Salleron, un peu plus depuis qu’il cessa d’écrire. Or, nul doute que cet esprit scintillant aurait apporté de multiples et lumineuses réflexions sur ces années écoulées, tant dans l’ordre politique, économique et social que sur les plans religieux et civilisationnels. Mais la réédition par Chiré de cet ouvrage est une excellente chose. Les lecteurs d’aujourd’hui vérifieront rapidement que sa pertinence est intacte.
Les pages de Salleron portent en effet sur les deux idéologies politico-économiques qui se sont opposées au long de deux siècles précédant le nôtre – non sans se conforter quelquefois sur plusieurs plans- et qu’il faut connaître pour comprendre ce qu’elles sont aujourd’hui devenues. Car leur affrontement n’a pas amené que l’écrasement du socialisme par le libéralisme ou plus exactement des socialismes par les différentes formes de libéralisme. Comme dans la dialectique hégélo-marxiste, de leur affrontement a, en effet, surgi aussi ce que l’on peut considérer comme des synthèses « libéralo-socialistes ».
Les treize leçons magistrales dispensées par Louis Salleron dans l’hiver 1975-1976 aux étudiants de la Faculté libre de philosophie comparée n’ont pas vieilli. Elles fournissent les éléments essentiels de connaissance des différentes écoles du libéralisme et des idéologies du socialisme, vieux comme le monde. Car il n’y a pas comme le socialisme et le communisme pour simultanément chanter « du passé faisons table rase » et en recommencer modernistement d’antiques aberrations de déshumanisation totalitaire. Et il n’y a pas comme le libéralisme pour instaurer, selon le mot de Lacordaire, « la liberté du renard libre dans le poulailler libre ». Aujourd’hui, les renards s’appellent les G.A.F.A…
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