Certaines ambiances peuvent rendre fou, et c’est d’ailleurs là toute l’histoire de la dite Éducation nationale et de son naufrage. En effet, les enseignants ne peuvent pas plus y délivrer un enseignement que les élèves l’y recevoir, étant donné le décentrage subjectiviste imposé a priori par le pédagogisme.

Contre ce décentrage et contre la névrose pédagogique, le remède est pourtant simple : le recentrage sur la réalité s’impose en effet. Et c’est à ce recentrage que nous invite Joseph Vaillé, ingénieur et pédagogue, par son manuel de physique intitulé sobrement Un peu de physique pour tous.

Ce livre ne ressemble pas aux manuels scolaires en usage, puisqu’en fait il y est question du réel dans son entier, ni plus ni moins, suivant une approche globale qui convoque les meilleurs spécialistes de plusieurs disciplines : « Dans cet ouvrage, nous sommes partis de la réalité pour bien saisir le pourquoi de ce que nous ont appris les grands physiciens. Nous avons commencé par donner les caractéristiques de la Terre qui nous porte. Puis celle de la Lune et du Soleil qui influencent notre environnement. Nous sommes passés ensuite à la physique mécanique où les forces agissent par contact, puis aux champs et aux ondes où les forces agissent à distance, pour terminer par la physique quantique ou discontinue qui n’a de cesse de nous étonner. ».

Construit néanmoins dans les règles de l’art pédagogique, ce très large vade-mecum fait s’alterner exposés et exercices dont le corrigé est proposé en fin de volume pour certains d’entre eux. Il est en outre annexé des unités de mesure, d’un lexique et d’une bibliographie.

Au-delà de la physique proprement dite, le manuel œuvre aussi pour la réhabilitation du raisonnement inductif à partir de la réalité, et il fournit au public les éléments scientifiques de base pour qu’il puisse porter un jugement de bon sens sur les problèmes d’environnement qui envahissent nos médias et hypnotisent nos hommes politiques.

Pour finir, le paisible éblouissement de l’auteur devant le fonctionnement des choses créées est totalement communicatif et vaut certes beaucoup mieux que les séductions colorées des pédagogos du sérail.

François Girardin