Loin des soubresauts contemporains de la politique iranienne, Houchang Nahavandi nous plonge à travers cet ouvrage dans l’Histoire complexe et passionnante de l’Iran d’hier. Écrit dans une langue fluide, enrichi par les connaissances inédites de son auteur, ce texte poignant d’accessibilité et de précision cumule toutes les caractéristiques d’un écrit de référence.

Quelle meilleure figure que celle du général Fazlollah Zahedi pourrait-on envisager pour dépeindre le récit de ce XXe siècle persan, ponctué de rebondissements et d’affrontements divers ? Nommé général à tout juste vingt-cinq ans, officier cosaque dans la garde impériale, serviteur de l’intérêt national aussi bien durant l’ère Kadjar qu’à l’avènement de la dynastie Pahlavi, cette éminente personnalité politique et militaire de l’Iran monarchique demeure assurément une figure incontournable de l’Histoire perse et orientale.

Nommé ministre de l’intérieur au début des années 1950, Fazlollah Zahedi joua un rôle crucial dans l’endiguement des factions putschistes, et notamment du Tudeh, le parti communiste iranien, durant la délicate période d’agitation provoquée par la prise de pouvoir de Mohammad Mossadegh en 1951. Fin stratège et politicien habile, il organisa avec maestria le retour au pouvoir du Shah, et accéda à la fonction de premier ministre en 1953, poste qu’il occupa durant deux années.

Véritable homme d’État, à la fois imprégné de ses fonctions et rempli d’une profonde humilité face à la grandeur de son devoir, Fazlollah Zahedi incarna non seulement le visage d’un peuple fier, indépendant, et libéré de l’obscurantisme islamique, mais également la figure symbolique d’une grande personnalité appelée par l’Histoire à des rôles cruciaux et salvateurs.

En ces temps où la France, l’Iran, et tant d’autres pays rêvent désespérément d’un Deus ex machina à la hauteur de leurs destins nationaux, la lecture de ce passionnant ouvrage s’impose non seulement à nous comme une entreprise archéologique à la rencontre du temps des Shahs, mais aussi, et peut-être surtout, comme l’excellent portrait passionné d’un Homme providentiel.

Charles-Alexandre Haddad