Dom Gérard Tourné vers le Seigneur

Auteur : Yves Chiron

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Dom Gérard Tourné vers le Seigneur

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Quiconque a un peu connu dom Gérard ne peut que lire avec émotion le livre d’Yves Chiron. Tant de souvenirs reviennent à la mémoire, souvenirs de dom Gérard évidemment, et aussi de ceux que l’on a pu connaître de son entourage, à commencer par Gustave Thibon et l’abbé Houghton, et Albert Gérard… Et aussi Jean Madiran, et naturellement notre Bernard Antony. Souvenirs aussi de ce qu’on n’a pas connu. Car on connaissait son parcours dans les grandes lignes et l’on pouvait, par exemple, l’imaginer à Maslacq avec André Charlier et Jean Madiran. Mais le détail de tout cela était hors de portée, et devenu de toute façon sans importance quand dom Gérard était là, au présent, accomplissant son grand œuvre. Aujourd’hui il en va autrement, et l’on est heureux de pouvoir suivre pas à pas les premiers cheminements dans la vie de ce fils de négociant de Bordeaux devenu humble moine bénédictin, héroïque continuateur des traditions de sa famille monastique, et fondateur d’abbayes.

C’est ce que permet pour la première fois Yves Chiron, grâce à un travail colossal de collecte d’archives et de renseignements, et de restitution précise et même minutieuse des faits.

Certains pourront s’étonner de n’y guère trouver d’accent d’admiration ou d’évidente sympathie. Le biographe répondra que cela ne serait pas conforme à la conception rigoureuse qu’il a de son métier, celui de relater froidement des faits et des situations hors toute forme hagiographique. On peut alors, tout de même, regretter que Yves Chiron ait peut-être trop souvent formulé son propre jugement selon lequel en plusieurs occurrences Dom Gérard « a tort », qu’il ne mesure pas la gravité de sa situation irrégulière…

Se gardant de tout encensement, Chiron, maintes fois au long du livre, n’hésite pas à évoquer les « erreurs », « les insuffisances », « les faiblesses », « les imperfections », « les défauts » et les « limites » de Dom Gérard. Bien sûr qu’il pouvait y avoir de tout cela chez Dom Gérard. Comme d’ailleurs il put en être chez bien des saints eux-mêmes. Mais revenir sur ces défauts, plusieurs fois, était-il bien nécessaire alors qu’il n’y a pas un mot pour qualifier les méchancetés de ses persécuteurs ?

Yves Chiron parle d’une « réintégration dans l’Église », d’une « réconciliation avec l’Église ». Mais dom Gérard n’a jamais eu à être réintégré dans l’Église, à se réconcilier avec l’Église. L’Église est d’abord une réalité spirituelle, et dom Gérard a toujours été au cœur de l’Église, bien plus dans l’Église que ceux, évêques ou abbés, qui le condamnaient. Et en ne considérant l’Église que comme société, dom Gérard ne l’a jamais quittée, et il n’en a jamais été exclu. Il n’a jamais été excommunié. Par conséquent il n’a jamais eu à se réconcilier avec l’Église puisqu’il était dans l’Église, et encore moins à réintégrer une Église dont il faisait partie.

La situation était d’ailleurs surréaliste. Alors que les monastères de la congrégation de Subiaco abandonnaient leurs traditions (et Yves Chiron montre jusqu’où cela allait), dom Gérard était le seul à les garder, et c’est lui qui était persécuté. Fin 1974, le père abbé de La Pierre qui Vire, visiteur de la province française de Subiaco, vint s’adresser à dom Gérard et à ses moines : il était habillé en laïc et disait à des moines en habit vivant selon la règle de saint Benoît et les coutumes de Subiaco qu’ils n’étaient pas moines… Et il lâcha l’aveu qui expliquait toute la persécution : « Si vous célébriez selon le nouvel ordo, vous n’auriez plus d’ennui… »

Le plus long chapitre du livre est intitulé « Un long chemin vers Rome ». Mais l’inverse est également vrai. Ce fut un long chemin de Rome vers Le Barroux. Preuve en est qu’il n’y eut aucun changement dans la vie du monastère. C’est bien Rome qui a fini par reconnaître la catholicité des monastères du Barroux. D’ailleurs c’est le même Mgr (puis cardinal) Mayer qui avait signé le document d’expulsion de dom Gérard de la congrégation de Subiaco, et qui œuvra activement ensuite pour l’accord alors que rien n’avait changé au monastère.

Mais bien sûr il y a tout le reste. Le récit toujours documenté, avec les références, et des pépites, de grosses pépites spirituelles et de petites pépites du pétillant abbé du Barroux resté l’espiègle étudiant de Maslacq. Au chapitre des premières, sa magnifique prière à Bernadette, à l’occasion de sa profession perpétuelle (1954), ou l’acte de consécration du monastère au Cœur immaculé, en 1986.

On apprécie également les deux cahiers de photographies, très judicieusement choisies (dont une des trois parrains du Centre Charlier).

Et l’on ne peut refermer le livre sans lire la postface de Bernard Antony, évoquant des moments forts de ses rencontres avec dom Gérard, à Tournay, déjà, puis à Bédoin, puis le voyage au Liban…

Enfin, un CD de plus d’une heure nous fait entendre dom Gérard. Au début le son est hélas très mauvais, mais il est satisfaisant pour la plus longue causerie, dont la fin est sublime…

Yves Daoudal

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