Un livre de Jean-Claude Martinez, c’est souvent une superbe empreinte du génie espagnol sur un travail d’analyse aussi scientifique sur le fond que picaresque dans la forme ; une réflexion façon Miguel de Unamuno sur « le sentiment tragique de la vie », une manière de brosser notre monde comme si c’était écrit avec les pinceaux d’un Greco et d’un Goya ; alternance de la mesure du scientifique dans l’analyse et d’un sublime accent de démesure prophétique hélas parfaitement réaliste.
Naturellement, le camarade, comme d’ordinaire, ne manque pas de nous faire souvenir de ses passages à la manière d’un Orwell ou d’une Simone Weil dans une extrême gauche dont il a puisé dans les forges de l’enfer quelques judicieux outils d’analyse.
Ainsi, son titre renvoie-t-il à celui de Lénine. Le mot « euthanasie » y remplace « impérialisme ». Et pour faire bonne mesure, Jean-Claude n’a pu s’empêcher la facétie de placer en exergue de son pamphlet une citation de Mao Tsé-Toung sur les idées erronées qui pourrait d’ailleurs être aussi bien signée de Charles Maurras ou de Jacques Maritain.
Cela dit, notre ami, une fois encore, jette avec ce travail un superbe cri de défense de la vie devant ce qu’il nomme « le cocktail argumentaire » du discours des prosélytes de l’euthanasie. Il en démonte les rhétoriques aussi grandiloquentes que spécieuses sur l’acharnement thérapeutique, la dignité, la liberté et autres mots radicalement détournés de leur sens. Pour prendre un seul exemple dans son abondant démontage des sophismes des euthanasieurs, Jean-Claude montre comment leur invocation de la dignité humaine ne recouvre que le plus parfait « mépris des vaincus de la vie ».
Aux hypocrites suavités des pharisiens du « suicide assisté », Jean-Claude assène que « c’est parce que l’Europe de la récession, aux 20 millions de pauvres, est devenue un océan de chômage du fond duquel ne monte plus aucune étoile nouvelle, que le gouvernement de la France, financièrement acculée, choisit en effet “la piqûre pour tous”. Comme une seringue d’or facilitant les équilibres budgétaires, dans un bouillon de culture qui sent le ranci des vieilles idéologies, du malthusianisme, de l’obscurantisme et du nihilisme ».
Il ajoute : « Mais les idiots utiles de droite se préparent à vendre la seringue pour se faire piquer, pendant que ceux de gauche travaillent déjà à se la faire rembourser, sans jamais comprendre que le mal de celui qui veut mourir vient de plus loin que la maladie qu’il affronte. Car s’il a pris la vie en haine, c’est qu’il n’a plus la flamme d’un bonheur et s’il veut mourir, c’est pour cesser de ne plus pouvoir croire.
« La loi sur l’euthanasie, loin d’être l’extase de la République, dans la fraternité compassionnelle des injections, n’est donc que la fuite en avant d’une société qui, ne voulant pas voir les détresses qu’elle crée, préfère éliminer tous ceux qui viennent les lui rappeler. En leur faisant croire au passage qu’ils le lui ont demandé ».
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