L’homme rétréci par les Lumières, Anatomie d’une illusion républicaine

Auteur : Xavier Martin

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L’homme rétréci par les Lumières, Anatomie d’une illusion républicaine

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Xavier Martin, professeur émérite d’histoire du droit, est une sorte de moderne incarnation de Sisyphe. De livre en livre (ce dernier est le douzième), il s’efforce héroïquement, sans se lasser, et sans jamais nous lasser, de démonter et démontrer les stupéfiants mensonges sans cesse assénés et répétés sur le temps dit « des Lumières ».

Par exemple sur « l’humanisme » et « la tolérance » de Voltaire, au mépris de ce que le personnage, grande gloire de la franc-maçonnerie (la loge des Neuf Sœurs) et certes de grand talent de plume, fut tout autant qu’un féroce pourfendeur du christianisme en symbiose avec sa détestation obsessionnelle des juifs, un sordide affairiste s’enrichissant dans la traite négrière sans contradiction certes avec son ricanant racisme. Faut-il ajouter qu’il professait pour le commun des mortels le mépris le plus radical ?

Extraits : « Le peuple est entre l’homme et la bête » (Carnets et cahiers).

« Les négros : leurs yeux ronds, leur nez épaté » et « la mesure même de leur intelligence mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses ».

« Les douze apôtres » : « Une canaille abjecte s’adressait à une populace non moins méprisable étant issue en premier lieu de la fange juive » et « C’était la canaille juive qui parlait à la canaille païenne ».

Ces seuls courts extraits de la prose voltairienne devraient suffire pour instiller un début de doute salvateur sur la véracité de ce que le conformisme académique, idéologique et politique assène sans discontinuer depuis plus de deux siècles sur le temps dit « des Lumières ».

Mais ce sont des centaines de pages de même farine que l’on pourrait citer, de Voltaire encore mais aussi de Diderot, d’Holbach et d’autres phares des Lumières.

Quant à Rousseau, aujourd’hui « voisin » au Panthéon du patriarche de Ferney qui le détestait, s’il fut certes moins raciste puisque fondant son idéologie sur le mythe du « bon sauvage », son influence fut plus nocive encore dans la genèse des totalitarismes modernes.

Ce livre apporte de judicieuses clés de compréhension de ce que fut cette époque dite des « Lumières » dans laquelle ont germé les monstruosités de la Révolution et des totalitarismes que le jacobinisme a engendré. Elle fut d’abord le temps du mépris.

Xavier Martin met en évidence ce mépris des « philosophes », des « éclairés », leur mépris du peuple, des paysans, des ouvriers, des artisans. Mépris de tous ceux jugés inférieurs et donc aussi des femmes et des races jugées « inférieures ».

C’est par la mise en exergue d’une phrase de l’un des principaux encyclopédistes, le baron d’Holbach, que Xavier Martin commence son livre : « Il est dans l’espèce humaine des êtres aussi différents les uns des autres que l’homme l’est d’un cheval ou d’un chien » (in Le bon sens – sic !).

Et l’on pourra observer la continuité des mépris révolutionnaires pour le sous-homme animalisé, « l’untermensch ». Xavier Martin rappelle : « En Vendée, aux grandes heures de la geste révolutionnaire, l’animalisation des “rustres” insoumis favorisera grandement leur extermination ».

Pour Voltaire, le peuple, c’est « la canaille », « la populace », « ce sont des bœufs auxquels il faut un joug, un aiguillon et du foin ». Mais le mépris du peuple, des paysans, des prolétaires, ne se tarira pas après la Révolution française. Il n’est pour le vérifier que de lire le Manifeste du Parti Communiste de Karl Marx dans lequel ce dernier traite de « la racaille en haillons, cette pourriture inerte des couches les plus basses de l’ancienne société… »

Quant aux nazis, ils prodigueront sur les juifs les mêmes qualificatifs de « sous-hommes » que ceux déversés par Voltaire.

De Jésus-Christ qu’Holbach qualifie de « vil artisan de Judée », il écrit qu’il est né « dans un village juif », et donc « d’une race de voleurs et de prostituées ».

Venons-en au mépris pour les femmes, notamment partagé par Rousseau et son « ennemi » Voltaire. Xavier Martin rappelle que ce dernier les désignait comme « l’espèce femelle ». Aussi, ne faut-il pas s’étonner de la façon indulgente, narquoise, dont les deux penseurs considéraient le viol des femmes. Voltaire l’aurait volontiers dépénalisé.

Au fait, même si Xavier Martin ne l’évoque pas, au moins dans cet ouvrage, le marquis de Sade ne fut-il pas lui aussi un écrivain des Lumières ?

La lecture de ce très dense et subtil travail de Xavier Martin nous conduit à nous demander comment jusqu’ici n’ont pas surgi la revendication d’expulser notamment ce Voltaire négrier et antisémite du Panthéon. Serait-ce parce qu’il détesta plus encore le catholicisme que les juifs ?

Serait-ce parce que la franc-maçonnerie française le tient pour un des plus illustres des siens ?

Serait-ce parce que, ayant défini l’infanticide néo-natal comme l’acte anodin de soustraire « une petite masse de chair aux misères de la vie », les féministes de l’exaltation de l’I.V.G. oublieraient son mépris de « l’espèce femelle » ?

Quant à Rousseau, haute gloire, lui aussi, de ce lieu républicainement sépulcral, on se remémore que Napoléon était allé se recueillir sur sa tombe à Ermenonville. On lui demanda quelle avait été sa méditation. L’empereur répondit : « Je songeais que pour le bien de l’humanité il eut sans doute mieux valu que ni lui ni moi n’ayons existé… » Lui aussi était un enfant des Lumières, sans doute le plus grand, et à lire cette phrase, sans doute le plus lucide. Car à l’évidence il mesurait l’immense tragédie pour l’humanité qu’avait engendré le soi-disant « esprit » des Lumières. En nous souvenant de Racine (« …cette obscure clarté qui tombe des étoiles »), comment ne pas penser à tous les obscurcissements totalitaires engendrés par les Lumières ?

Le livre de Xavier Martin éclaire cela d’une vraie lumière.

Bernard Antony

 

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