Le choix souverainiste

Auteur : Thibaut de la Tocnaye

21 

En stock

Le choix souverainiste

Catégorie

Comment faire sauter les cinq verrous

Un entretien avec Thibaut de La Tocnaye à propos de son livre Le Choix Souverainiste

Reconquête – Thibaut de La Tocnaye, vous venez de publier votre quatrième livre : Le Choix Souverainiste, sous-titré Les cinq blocages à faire sauter pour redresser la France… Est-ce un ouvrage politique ou plutôt économique ?

Thibaut de La Tocnaye – Je parle, entre autres, d’économie et plus précisément de micro-économie, c’est-à-dire que j’aborde les grands problèmes concrètement par le biais des acteurs économiques eux-mêmes… les entreprises, les banques, l’Etat, les ménages, l’Union européenne, les syndicats… mais c’est avant tout un ouvrage politique car j’essaie d’apporter in fine une vision globale de réorganisation et de déblocage de l’ensemble de la société française. En effet, on constate qu’à tous les niveaux de nos institutions, des corps intermédiaires et des moindres rouages du système économique et social, un certain nombre de verrous de « sûreté » empêchent toute transformation radicale. L’objet du livre est donc de montrer comment il convient avant tout de faire sauter ces cinq principaux blocages…

Vous distinguez tout d’abord trois verrous structurels ou quasi-institutionnels…

Le premier grand blocage se situe au niveau de la finance. On observe d’une part ce qu’on pourrait appeler la « divergence » du capitalisme contemporain, à savoir son éloignement exponentiel de l’entreprise au profit de tout le reste (financement de la dette de l’Etat, placements immobiliers et spéculatifs, etc.). S’ajoute à cette première dérive structurelle un système bancaire défaillant. Enfin, une deuxième dérive, la « concentration » du capital, vient bloquer plus encore la nécessaire circulation de celui-ci et l’irrigation vitale de tous les processus de création de richesses.

En deuxième lieu, il y a bien sûr la confiscation de la liberté essentielle de la nation, à savoir notre fameuse souveraineté, « confisquée » par l’Europe de Bruxelles. Souveraineté fondamentale bafouée se déclinant en autant de souverainetés détruites : de celle de notre monnaie à celle de notre politique d’innovation en passant par celle de nos frontières et celle de notre indépendance énergétique ou environnementale. La volonté nationale de changement se heurte immanquablement dans plus de 60 % des cas à une impossibilité d’agir selon nos propres critères d’action. Pour plus de clarté, je traite, dans un chapitre à part, des souverainetés relevant du cadre régalien (frontières, fiscalité-budget et monnaie) et dans un autre chapitre des souverainetés «sectorielles » (industrie, agro-alimentaire, énergie, environnement, aménagement du territoire ou transports).

Beaucoup moins identifié par la classe politique au pouvoir et les élites régnantes, l’absence structurelle de réelle représentativité professionnelle est un troisième blocage, moins voyant a priori. Cependant, ce vide est un facteur-clé de blocage institutionnel non seulement de toute réforme de fond mais surtout de toute politique de relance économique en matière de ré-industrialisation, de stratégie d’innovation, de protectionnisme ciblé…

A côté de ce triple verrouillage de notre machine socio-économique, vous parlez de deux autres processus qui, agissant telles des lames de fond, enrayent et cadenassent encore plus la société française…

Oui, ce sont deux mouvements « tectoniques » ! Et nous les subissons de plein fouet, ces deux phénomènes géopolitiques lourds. Il y a d’abord la spirale de la désindustrialisation alliée à la disparition de la ruralité qui, paraissant inéluctables, donnent ce sentiment que notre Nation, irréformable, poursuit inexorablement sa désertification industrielle et agricole. Ce double dysfonctionnement agit comme un handicap majeur au bon fonctionnement d’une économie développée et est à l’origine d’un déséquilibre permanent de nos territoires.

Et il y a ensuite, bien évidemment, le poids de l’immigration non contrôlée couplé à la vacuité démographique française qui plombent quantitativement et qualitativement les principales ressources actuelles et futures de notre économie.

— Votre ouvrage, au-delà des constats qu’il apporte et des solutions qu’il détaille de façon très précise et très complète, veut aussi proposer au lecteur une vision synthétique. Ainsi un fil directeur apparaît tout au long du livre et vous considérez ainsi que la conséquence du blocage de la société française, c’est le divorce dangereux entre l’économique et le social

Exactement. Les Français ont le sentiment que les solutions proposées par le personnel politique oscillent invariablement entre un étatisme socialisant et archaïque et un ultra-libéralisme aventurier et destructeur. Sur le plan économique, en réalité, deux forces officielles et presque institutionnelles du paysage politique traditionnel continuent de s’affronter inlassablement. Celle qui s’appuie sur une vision individualiste de la société par excellence, c’est bien sûr le Macronisme (auquel adhère une bonne partie de la Droite mais aussi de la Gauche) et celle qui est sous-tendue par une vision collectiviste de la société, c’est la force incarnée par les derniers Syndicats marxistes tels que la CGT, SUD ou FSU, la France Insoumise de Mélenchon et une part non négligeable de la Gauche.

Et si ce clivage individualisme-collectivisme était en réalité inclus dans l’ancien clivage droite-gauche, il est aujourd’hui véritablement exacerbé par la montée en puissance conjointe du mondialisme et du capitalisme financier triomphant. Or ces deux pseudo-philosophies sont inaptes à faire sauter les verrous qui bloquent la marche vers le redressement de la France. Pourquoi ?… Parce qu’elles participent toutes les deux du même « divorce » de l’économique et du social qui frappe la société française depuis l’après-guerre. Tout s’est organisé, avec la bénédiction béate des dirigeants de droite et de gauche, comme si le social était abandonné à la Gauche et l’économique à la Droite…

Or justement, le social et l’économique doivent être intimement liés pour assurer la transmission mais aussi la pérennité, voire l’amplification de la création de richesse et de valeur tout au long de son processus de « création ». C’est le secret d’une société véritablement développée et juste. Bref, exactement le contraire de ce qui se passe depuis la fin des années 70. Parallèlement à l’appauvrissement économique global de la France (désindustrialisation, désertification rurale, accroissement de la pauvreté…), jamais les écarts de richesses des citoyens n’ont été aussi importants depuis 1945. Et jamais le traitement de l’économique n’a été aussi dissocié de celui du social.

De façon synthétique, on pourrait dire que l’économique est abandonné à lui-même sans aucune stratégie, sans aucune régulation et même sans aucune organisation interne minimale.   Quant au social, conçu comme un boulet ou comme un « électron libre » et au mieux comme une utopie déconnectée du réel, il est traité indépendamment et souvent a posteriori de l’économique, essentiellement par l’Etat et les collectivités locales.

— Et une thèse essentielle de votre livre Le Choix Souverainiste, c’est justement de « réconcilier l’économique et le social »…

Cette étanchéité de plus en plus totale entre le fonctionnement du social et celui de l’économique est la cause majeure de l’empêchement de toute réforme en profondeur.

Prenons l’exemple de l’emploi. Comment définir la juste rémunération d’une mission donnée ? On voit bien que si le Marché tout seul (ultra-libéralisme) ou l’Etat tout seul (étatisme-collectivisme) détermine le salaire minimum (ou ne le détermine pas d’ailleurs) sans aucune interaction avec la « profession » concernée (quelle que soit la façon dont cette dernière est représentée) et sans aucune prise en compte du coût de la vie, on aboutira à un salaire probablement incohérent avec les besoins réels tant de l’entreprise que du travailleur. Et le traitement social du chômage ne sera jamais une solution face à l’absence d’un traitement économique pertinent de l’emploi !

Une réforme, pour être efficiente, doit s’exercer au sein d’entités organiques pérennes et cohérentes qui permettent justement toutes les interactions nécessaires entre l’économique (création de richesse et de valeur) et le social (diffusion de la richesse). Sinon, on gaspille son énergie et on perd son temps par absence de connaissance et de maîtrise de la moitié des données du problème. L’absence de « lieux » de négociation réelle – dignes de ce nom – est bien la cause fondamentale d’une France irréformable !

Et la volonté, louable au départ, de M. Macron de s’affranchir du clivage droite-gauche aboutit malheureusement aujourd’hui à un nouvel affrontement, artificiel, inutile et encore plus improductif. Celui-ci oppose deux courants de pensée politique très réducteurs à savoir : le sien (!) qui se traduit par l’atomisation exponentielle de toutes les cellules productives de la société… individu… entreprise… métier (c’est « l’individu-roi ») et le courant le plus ringard qui soit, celui qui prône le « suprématisme » absolu du corps social (c’est « la collectivité-reine »), aliénant libertés et responsabilités individuelles. Libertés et responsabilités qui ne peuvent s’épanouir que dans les corps naturels et les corps intermédiaires de la société, distincts de la puissance publique.

Et c’est ici que le souverainisme prend tout son sens !…

En effet, c’est véritablement à ce stade de notre diagnostic et de notre analyse que le concept de souverainisme – et toutes ses déclinaisons à la fois fonctionnelles, territoriales et locales – prend tout son sens et sa justification.

Seul le souverainisme peut réunir en un même espace toutes les forces productives et créatrices, parfois contradictoires ou divergentes (antagonisme exacerbé par les vieux clivages), de la société et leur garantir en son sein la liberté des échanges, la faculté de négociation et le réel pouvoir de décision.

Le souverainisme est d’abord national, bien sûr, mais ses déclinaisons sont territoriales (collectivités régionales, départementales, communales,…) et fonctionnelles (domaines fiscal, monétaire, industriel, énergétique, alimentaire, télécom, numérique,…).

Or celui-ci, sous toutes ses formes, s’est trouvé peu à peu aliéné par un certain nombre de forces centrifuges qui l’empêchent de s’exercer pleinement. Nos souverainetés ont été progressivement désarticulées, isolant d’abord, l’un de l’autre, l’économique et le social puis éclatant elles-mêmes les fonctions économique et sociale en mille morceaux.

Toute l’ambition de cet ouvrage sera de montrer que la réconciliation de l’économique et du social, objectif ultime du renouveau de notre Nation, ne pourra s’effectuer que par le déblocage de verrous aliénants tout redressement, le recouvrement de compétences nationales fondamentales (souverainetés diverses de la France), le grand retour à des équilibres structurants (ré-industrialisation, renouveau de la ruralité, relance démographique) et par la promotion des corps naturels et intermédiaires de la société (familles sanctuarisées, communes sauvegardées, métiers actualisés et renforcés, syndicats modernisés et revisités, branches professionnelles réformées…).

Auteur

Avis

Il n’y a pas encore d’avis.

Soyez le premier à laisser votre avis sur “Le choix souverainiste”

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *