Disons le tout de suite, il s’agit de l’heureuse publication de la thèse de doctorat en théologie-histoire des religions, soutenue à l’université de Strasbourg, après plus de dix ans de recherches, par le père Édouard-Marie Gallez ; et si cet immense travail constitue un apport très important à la connaissance des origines du phénomène islamique, il ne peut être lu avec profit que par des lecteurs cultivés connaissant quelque peu le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Les notes abondent aussi souvent d’éléments de vocabulaire comparé (grec, hébreu, arabe) nécessitant pour les non érudits un effort de grande attention.
Cela dit, même si la lecture est par moment difficile et si l’on doit se résoudre quelquefois à ne pas bien tout saisir, les deux volumes sont passionnants.
Édouard-Marie Gallez marque donc par son œuvre le grand courant moderne de l’islamologie scientifique et non idéologique qu’incarnent en France Marie-Thérèse et Dominique Urvoy qui ont patronné ce beau travail et permis son édition dans leur éminente collection “Studia arabica”.
Pour Édouard-Marie Gallez, l’islam tire ses origines du judaïsme et du christianisme. Non pas directement dans l’un ou dans l’autre mais, dès le IIe siècle avant notre ère, dans le courant messianiste juif (opposé aux prophètes) et, au début de notre ère, dans les dérives de certains courants judéo-chrétiens, transformant ce messianisme en idéologie millénariste de salut.
On y annonçait une deuxième venue du messie venant dominer la terre et la soumettre politiquement à ses fidèles. On cerne ainsi toujours mieux pourquoi, depuis son modèle médinois, l’islam s’est affirmé comme un ordre politique et social théocratique sans distinction de Dieu et de César.
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