En près de 600 pages, imprégnées de souvenirs et de récits historiques, Ardéshir Zahédi nous dépeint avec une authenticité poignante le visage des dernières années de l’Iran impérial, tiraillé entre ses passions diverses, son nationalisme sincère et le modernisme de son élite.

À travers ce livre, dépassant largement l’énumération de simples mémoires, cet ancien ministre du Shah, plusieurs fois ambassadeur en Europe et en Amérique, nous entraîne par son récit aux grandes heures de la diplomatie persane, avant que son pays ne sombre en 1979 dans les frasques de la Révolution islamique. Existait alors au sein de ce peuple, comptant parmi les plus anciens du monde, l’espoir d’un Iran nouveau, tourné vers l’Occident et la tranquillité du monde moderne, loin de l’invivable répression islamique au pouvoir depuis quarante ans, régentant un peuple étouffé qui n’a pourtant rien perdu de ses aspirations d’hier.

Au-delà des usages politiques, culturels et internationaux que dépeint cet ouvrage avec une justesse que les tomes précédents ont suffi à affirmer, il s’insère également avec subtilité dans les enjeux géopolitiques du XXIe siècle. Comme un vibrant pied de nez aux amis occidentaux du régime des mollahs, que la haine des États-Unis a fait sombrer dans une tragique vénération de la république islamique frisant par moments la dhimmitude volontaire, ce récit s’impose comme la célébration d’une grande civilisation, amie de la nôtre et vouée à une renaissance prochaine, loin de la macabre parenthèse imposée par la destitution du Shah à la fin du siècle dernier.

Charles-Alexandre Haddad