L’hérésie du XXème siècle

Auteur : Jean Madiran

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L’hérésie du XXème siècle

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Il est judicieux de la part de Via Romana d’avoir réédité L’hérésie du XXe siècle, de Jean Madiran, pour plusieurs raisons.

Parce que c’est un « classique » de Madiran, particulièrement typique de son style, de sa méthode, de sa doctrine.

Parce que Madiran a écrit : « Si j’ai eu en ce monde quelque chose à dire c’est dans ce livre-ci surtout que je l’ai dit, (…) et s’il me fallait laisser après moi un seul livre, ce serait celui-ci. »

Et parce que l’on ne peut que constater à quel point ce livre, publié en 1968, puis réédité en 1987 sans autre modification que quelques notes de bas de page et une postface, reste actuel.

« L’hérésie du XXe siècle est celle des évêques. Non qu’ils en soient les inventeurs : mais les agents. » Ainsi commence l’avant-propos. Madiran va décortiquer plusieurs propos épiscopaux qui expriment finalement une autre religion que la religion catholique, si les mots ont un sens. Une religion qu’il appelle la « religion de Saint-Avold ». Une expression devenue célèbre, car elle est a priori mystérieuse. Il y aurait un évêque de Saint-Avold ? Et déjà c’est où, Saint-Avold ? On va apprendre que c’est en fait l’évêque de Metz, dans un discours à ses prêtres prononcé à Saint-Avold. Puis que cet évêque s’appelle Paul-Joseph Schmitt. C’est loin d’être un évêque de premier plan. Pourquoi Madiran s’acharne-t-il contre lui à ce point ? C’est que par des propos qui n’attirent pas forcément l’attention au premier regard, il définit véritablement la religion nouvelle, qui n’est plus catholique, et de façon fondamentale : elle est déconnectée à la fois de la tradition dogmatique et de la loi naturelle.

L’obscur évêque de Metz (on est toujours tenté d’écrire : « de Sant-Avold ») serait aujourd’hui totalement oublié sans Madiran. Preuve en est sa notice Wikipedia squelettique (personne ne tente même de la nourrir), et le fait que si l’on tape son nom sur Google on n’a rien davantage… sinon les commerces qui se trouvent dans la rue de Metz à laquelle on a donné son nom… à la place de la sainte fondatrice de l’abbaye bénédictine de la ville, ce qui est également significatif.

Il se trouve que l’obscur évêque avait synthétisé les linéaments de la nouvelle religion mieux que d’autres, de façon plus claire si on allait y voir de près. Peut-être par naïveté. Mais Madiran cite d’autres textes épiscopaux du même acabit, et même de l’assemblée de l’épiscopat, pour bien montrer que ce sont les évêques, en corps, qui sont coupables d’imposer une religion qui n’est plus catholique, et qui n’est même plus une religion.

Le livre est d’actualité en ceci qu’on est forcé de constater que cette nouvelle religion s’est tellement installée qu’elle fait partie du paysage social et médiatique. Et que s’il y avait à l’époque quelques discrets évêques qui avaient encore la foi catholique, il n’y en a pas davantage aujourd’hui, et, marginalisés par la conférence épiscopale (c’est à cela qu’elle sert) et par les médias, ils ne comptent guère dans le débat public.

La différence est que « les évêques » d’aujourd’hui n’ont plus aucune idée particulière à défendre. Madiran dénonce avec force la volonté exprimée par les évêques des années 60 de participer à l’avènement du socialisme. C’était une partie de la « religion de Saint-Avold ». Elle a disparu. Aujourd’hui le discours épiscopal est celui de la pensée unique, du politiquement correct, des gazettes et des magazines. À l’exception de ceux qui se manifestent encore de temps à autre contre la culture de mort, ils ne servent plus à rien, même pas comme supplétifs de la mondialisation destructrice des identités et des racines : personne n’a besoin d’eux.

Il semble que parmi les nouveaux prêtres il y en a qui ont chevillée au cœur la vraie religion catholique. Qu’ils lisent Madiran, afin de devenir des évêques qui feront de la « religion de Saint-Avold » une mauvaise page d’histoire ancienne.

Le livre est orné d’une préface quelque peu hagiographique de Michel De Jaeghere, et augmenté d’un important « dossier historique » de Philippe Maxence qui décrit avec précision la genèse et la réception du livre (et aussi notamment les relations entre Madiran et Gilson).

Yves Daoudal

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