Libres réflexions sur la peine de mort

Auteur : Jean Louis Harouel

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Libres réflexions sur la peine de mort

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Alors que la peine de mort est plus que jamais massivement infligée aux victimes des attentats terroristes dont les auteurs, eux, ne la risquent pas, son abrogation est depuis plusieurs années une des conditions impératives pour qu’un État puisse être admis au sein des institutions européennes.

Le « Tu ne tueras pas » du Décalogue a été ainsi jadis invoqué par la composante néo-chrétienne de l’opinion en faveur de son abolition. Et, encore une innovation curieuse de sa part, le pape François a désormais fait ériger dans le Catéchisme de l’Église catholique son interdiction comme une exigence sociale et morale de la foi catholique.

« Tu ne tueras pas »

Jean-Louis Harouel, éminent juriste et analyste critique de la religion des droits de l’homme, rappelle évidemment dans son ouvrage que le « Tu ne tueras pas » portait sur l’impératif de respect de la vie innocente. Or, écrit-il, « la contradiction morale entre le refus de la peine de mort et la valorisation de l’avortement est une évidence. Il y a là un illogisme total. D’un côté, on refuse de tuer de très grands criminels ayant accompli des actions atroces, d’un autre, on autorise la mise à mort d’êtres innocents en train de se former dans le ventre maternel… ».

Ainsi, « La désinvolture gnostico-millénariste envers le Décalogue conduit l’idéologie des droits de l’homme à revendiquer et sacraliser comme des droits non négociables certaines possibilités de tuer : euthanasie, suicide assisté, avortement. Finalement, le « Tu ne tueras pas » du Décalogue ne conserve tout son poids que lorsqu’il s’agit de préserver des assassins de la peine de mort ».

Victor Hugo aimait les assassins

Jean-Louis Harouel démonte superbement les mécanismes des campagnes abolitionnistes érigeant « une compassion sélective au profit du criminel ». Cela a commencé avec Victor Hugo, par son livre Le dernier jour d’un condamné, mettant son immense talent romanesque au service de « l’escamotage du crime et de la victime ».

« Le condamné de Hugo est un homme jeune, sensible, cultivé, intelligent, délicat, bien élevé, plein de cœur… ».

En fait Hugo lui prête ses propres traits, ayant 26 ans au moment où il écrit ce livre ! Inversement, note Harouel, « tout est fait pour rendre le crime et la victime aussi abstraits, aussi inexistants que possible ». C’est une manipulation du lecteur. Charles Péguy, quoique par ailleurs plein de tendresse pour Hugo, n’en écrivait pas moins avec une parfaite perspicacité : « Hugo aimait les assassins, c’est un fait ».

Escamoter la victime

Plus tard, Robert Badinter, aux assises de Troyes en 1972, condamnait le fait que l’on montrât au jury des photographies de l’infirmière égorgée… Harouel commente : « De fait, cela donnait de la réalité à la victime, cela la rendait présente et empêchait son escamotage, sa privation de réalité, comme le veut l’idéologie anti-pénale ».

Le même Badinter, toujours à Troyes mais cinq ans plus tard au procès de Patrick Henry, tueur d’un enfant, consacrait ses efforts à tâcher de rendre aussi irréelle que possible la mort du petit garçon assassiné. Il déplorait les moments où « la mort de l’enfant avait repris possession de la salle ». Mais il arriva à faire oublier la victime.

Il écrira plus tard : « L’atmosphère de cette fin d’audience s’en trouvait transformée. Pour un temps nous étions loin du studio au-dessus du bar et du corps du petit Bertrand dissimulé sous le lit ».

Harouel écrit : « Pour une idéologie selon laquelle c’est le criminel qui est la victime, il est fondamental que la vraie victime soit comme inexistante ». Dans cette logique, de nos jours, le Parquet veut faire condamner Marine Le Pen pour avoir publié des photos des victimes égorgées par les tortionnaires de l’État islamique…

Ainsi seules certaines abominations peuvent-elles être montrées, d’autres non…

L’abolition… de la clé de voûte

Après avoir sauvé la tête de Patrick Henry, Robert Badinter, ministre de la justice de François Mitterrand (du 23 juin 1981 au 18 février 1986) fit abolir la peine de mort le 9 octobre 1981.

Mesure regrettable pour le professeur de droit constitutionnel Jean-Louis Harouel pour lequel, au rebours de la rhétorique badintérienne : « À condition de n’être prononcée que dans des cas où une erreur judiciaire est absolument impossible, la peine de mort est non seulement la solution la plus conforme à l’intérêt de la société, mais encore la plus conforme à l’idée d’humanité. Et bien évidemment la plus juste. »

Dans les dernières pages de son ouvrage, il développe comment « la suppression de la peine de mort a enlevé à la justice pénale sa clé de voûte… Elle a décapité par contrecoup toutes les autres peines… Elle a été génératrice à tous les niveaux d’une impunité toujours plus grande des criminels mais aussi des délinquants ».

En résumé, un ouvrage fourmillant de limpides réflexions pour nourrir un débat qui n’est pas clos, sauf à croire que le peuple français ne doit plus redevenir souverain.

 

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