La désinformation autour de la fin de l’Indochine française

Auteur : Paul Rignac

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La désinformation autour de la fin de l’Indochine française

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Il s’agit là d’un superbe travail mené avec une scrupuleuse rigueur, sans aucun emportement polémique ou partisan, sur la véritable fin, en 1945, de ce qui avait été durant un cours moment de l’histoire des pays d’Indochine : « l’Indochine française ».

Le travail de Paul Rignac repose d’abord en effet sur l’évidence indéniable que cette « Indochine française » est morte le 9 mars 1945 avec le coup de force de l’armée japonaise d’occupation dont le dernier et seul souci alors, avant son inéluctable défaite, était de mettre fin à la présence française, quitte à passer le relais à un nationalisme déjà très teinté de rouge mais redonnant au moins le pouvoir à l’homme jaune.

L’auteur démontre dans son ouvrage que le ralliement à l’autorité métropolitaine du gouvernement de Vichy ne signifiait pas forcément à Hanoï une adhésion à la Révolution nationale pas plus que celui à la résistance contre les Japonais ne signifiait forcément une allégeance à la politique gaulliste. Car, écrit-il, « Bien souvent des comportements de circonstances ont été idéologisés après coup par ceux qui avaient intérêt à les récupérer ou à les stigmatiser ».

Ce pan de notre histoire et de celle de l’Indochine a été, comme tant d’autres, très souvent complètement déformé.

Ainsi, dans une « histoire » idéologique, simplificatrice, caricaturale, manichéenne, évoque-t-on les personnages du contre-amiral Jean Decoux, accablé comme pétainiste et celui du général Catroux, le gaulliste. Pas si simple pourtant ! C’est en effet oublier que, le 21 juin 1940, le limogeage du général Catroux, gouverneur général de l’Indochine, jugé trop mou et trop conciliant avec les Japonais, fut décidé sur proposition du ministre des Colonies, le socialiste Albert Rivière alors que le président de la République est toujours Albert Lebrun et le Maréchal Pétain son président du Conseil. Et c’est par décret du 25 juin 1940 que le président Lebrun nomme le contre-amiral d’escadre Jean Decoux gouverneur général de l’Indochine par intérim.

Decoux va être, au mépris des faits, accablé par une désinformation double, sinon convergente, gaulliste et communiste.

Or sa ligne était claire. Ne déclarait-il pas le 20 août 1944 : « L’Indochine est en état d’allégeance envers la Métropole, quel que soit le gouvernement qui serait appelé à diriger celle-ci » ? Sa politique consistait pourtant selon la même prudence que celle de Catroux à éviter l’affrontement militaire avec les Japonais, inéluctablement voué au pire, tant était grande la disproportion des forces.

Pour De Gaulle en revanche, ce qui comptait, sans aucun égard pour nos compatriotes coloniaux ni pour les Indochinois, c’était que « le sang versé soit un titre imposant » au yeux des alliés.

Decoux, contrairement à un énorme mensonge véhiculé par les acteurs de la double désinformation, ne capitula nullement devant les Japonais. Ayant épuisé toute les possibilités de négociation, il rejeta le 9 mars 1945 l’ultimatum japonais. Il fut alors fait prisonnier tandis que partout les forces japonaises lançaient l’assaut sur nos faibles troupes certes mal armées et mal équipées mais néanmoins maintenues en volonté de grande combativité par l’amiral.

En fait de « capitulation honteuse », mensonge trop longtemps propagé par la désinformation gaulliste et communiste, les soldats français d’Indochine, rappelle Rignac, connaîtront le taux de mortalité au combat le plus élevé de toute la seconde guerre mondiale : 17,6 % de l’effectif total, 20 % de l’effectif engagé. Sans compter les blessés. Quant aux familles de nos soldats et civils en général, la barbarie japonaise se déchaîna contre eux avec force massacres, sévices, viols et humiliations…

On ne quitte pas ce livre avant la dernière page sans le sentiment d’avoir lu un beau travail de réfutation de gros mensonges qui ont, sur cette page d’histoire encore, été trop largement propagés.

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