NGO DINH DIEM, UNE TRAGEDIE VIETNAMIENNE

Auteur : Paul Rignac

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NGO DINH DIEM, UNE TRAGEDIE VIETNAMIENNE

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Cet ouvrage est de ceux que l’on ouvre et dévore aussitôt avec autant de plaisir que d’attention. Parce qu’il s’agit non seulement d’un livre bien écrit mais aussi d’une grande rigueur dans la science historique.

Paul Rignac, spécialiste de l’Indochine en général et de L’Indochine française en particulier, analyse minutieusement l’épopée de Ngo Dinh Diem, accédant à la présidence de la République en octobre 1955 et assassiné, abandonné par les Américains, lors du coup  d’État militaire, le 2 novembre 1963.

Une famille catholique et indépendantiste

Ngo Dinh Diem, d’une grande famille de mandarins de Hué liée à la dynastie impériale, était profondément catholique mais aussi nationaliste et indépendantiste.

Sans doute fut-il à bien des égards injuste avec la France dont il détesta le colonialisme, durablement marqué il est vrai par l’empreinte dominatrice de la IIIe République et les appétits affairistes d’un Jules Ferry, surnommé non sans raison « Ferry-Tonkin ».

Paul Rignac apporte à son travail d’historien la rigueur acquise par sa formation de juriste. Mais il a concrètement découvert et aimé l’ancienne Indochine par son engagement sur place dans des missions caritatives. Tous les chapitres de son ouvrage, presque toutes les pages sont marquées par un scrupuleux souci de précisions et de références. Sans anachronisme, sans passion partisane.

Il ne se livre nullement à une sorte d’hagiographie de Diem qui eut bien des défauts et perpétra bien des erreurs, notamment vis-à-vis de la France, sur laquelle ses jugements furent trop souvent injustes, entachées d’une animosité aux conséquences tragiques.

Paul Rignac nous fait découvrir avec talent les protagonistes et les facettes multiples du drame indochinois dont il a connu bien des plus illustres survivants. Avec lui, nous sommes introduits dans la grande famille des Ngo Dinh à la fois de brillante culture asiatique et d’indomptable ferveur catholique, capable de se faire accepter sinon aimer par l’ensemble d’une population à majorité bouddhiste. Il nous fait découvrir l’influence des sectes politico-religieuses, caodaïstes et Hoa Hoa, et celle quelque peu mafieuse des Binh Xuyen.

Il rappelle que les exemplaires UMDC (Unités Mobiles de Défense des Chrétientés) de l’extraordinaire colonel Leroy (qui aurait pu, s’il avait été suivi, faire basculer la situation) avaient hélas été quasiment éliminées alors qu’elles avaient partout dans leurs régions, avant les accords de Genève, taillé en pièces le Vietminh.

Paul Rignac nous rappelle aussi les grandes figures éclésiastiques des Ngo Dinh : d’abord celle de Monseigneur Ngo Dinh Thuc. On découvre sa photo lors de son sacre épiscopal en 1938. Plus tard, dans les années 1980, ce dernier après avoir suivi Mgr Lefebvre et le débordant quelque peu, devant hélas prendre des chemins périlleusement schismatiques en multipliant des sacres épiscopaux. Mais c’est une autre histoire.

Paul Rignac évoque, surtout bien sûr, la haute figure de sainteté du neveu de Ngo Dinh Diem et de Monseigneur Ngo Dinh Thuc, Monseigneur François-Xavier Nguyen Van Thuan. Il était fils de Hiep, une des trois sœurs de Ngo Dinh (les deux autres étaient Giao et Hoang, épargnées par la répression qui suivi le coup d’État) et de son époux Tam. Ces derniers, avant la prise du pouvoir par les communistes, avaient pu, le 25 avril 1975, prendre un avion pour l’Australie. Mais leur fils, prêtre puis évêque et récemment nommé archevêque coadjuteur de Saïgon, demeurera inébranlablement à son poste. Cela lui valut d’être très vite mis par les dirigeants communistes dans leurs geôles pour de longues années.

Durant treize ans il connut tour à tour des années de cachot, de camp de rééducation, enfin d’assignation à résidence. Libéré en 1991, il put aller revoir ses parents en Australie avant d’aller à Rome où il apprit son interdiction de retour dans sa patrie.

En 1994, Jean-Paul II le nomma vice-président du Conseil pontifical « Justice et Paix » puis, en 1998, président. Au Consistoire du 21 février 2001 il le créa Cardinal. Décédé le 16 septembre 2002, ses funérailles furent célébrées par Jean-Paul II. Sa cause de béatification a été ouverte en 2003 et dès le 4 mai 2017, le pape François lui a attribué la dignité de « Vénérable ».

Vainqueur du communisme

Dans le livre encore, nécessairement, Paul Rignac donne la place qui lui revient dans cette époque du Vietnam à la célèbre madame Nhu, belle-sœur de Diem, figure controversée, à la fois élégante et puritaine, non sans rappeler à certains égards, mais dans un autre monde et un autre temps, un Savonarole. Mme Nhu était  indomptablement anticommuniste mais avec le génie aussi de ne pas se faire que des amis…

Tout n’était pas parfait dans le Vietnam des Ngo Dinh et dans le régime de Ngo Dinh Diem mais si le peuple avait désiré le communisme, les « Vietcongs » n’auraient pas éprouvé la nécessité d’assassiner des dizaines de milliers de ses cadres et chefs de familles.

Car, le 2 novembre 1963, lorsque Diem va être assassiné, il est vainqueur du communisme sur toute la ligne. Ses assassins, qui lui succèdent, conduiront alors le Vietnam vers une défaite que les Américains n’éviteront pas, devenant alors en 1975 les grands vaincus de la deuxième guerre d’Indochine.

Au Sud-Vietnam, alors, le communisme allait faire, comme au nord, son œuvre d’élimination de toute mémoire de ceux qui avaient eu le tort de combattre du mauvais côté et que Rignac résume ainsi : « Camps de rééducation, exil, assassinats, stèles et monuments déboulonnés, cimetières détruits, archives détruites ».

Du communisme, tout simplement !

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