Pro Patria

Auteur : Jean Paul Argouarc’h, Jean Paul Argouarch

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On ne peut mieux présenter Pro Patria, du R.P. Jean-Paul Argouarc’h, qu’en citant les trois premiers paragraphes de l’homélie qui sert d’introduction :

« Nous sommes rassemblés dans cette magnifique basilique de Notre-Dame de Lorette au nom de la Patrie. Cette messe est célébrée pour ceux qui sont tombés pour la Patrie et particulièrement pour nos frères scouts tombés pour la France.

« Le colonel Rémy, compagnon de la Libération, est venu à Riaumont et à Notre-Dame de Lorette, et il a rédigé un catéchisme qui s’appelle Pro Patria. Et je me souviens aussi du colonel Romain des Fossés lui aussi ami du village de Riaumont, il espérait fonder un mouvement de jeunes et il voulait l’appeler Pro Patria.

« Ce mot de patrie évoque des valeurs qui sont fondamentales. Le mot de patrie vient du mot pater. La Patrie c’est la terre de nos pères. Le sentiment patriotique est un sentiment d’ordre filial. Il implique l’amour, le respect, la piété, la tendresse, le sens du sacré. La Patrie est un héritage à la fois charnel et spirituel. »

Tout est là. Précisons seulement que cette Notre-Dame de Lorette, à ne pas confondre avec l’église parisienne, est une de nos « nécropoles nationales », celle qui se trouve tout près de Riaumont. Riaumont, c’est-à-dire le célèbre village d’enfants, le village scout, créé par le P. Revet, dont il va être question dès qu’on aura tourné la page (et dont le P. Argouarc’h fut le successeur). Et là il y aura des citations de Charette, de Rémy, d’Efflam Huon de Penanster, scout de Riaumont devenu parachutiste, mort en Somalie en 1993. Et saint Augustin, et saint Paul, et Hélie Denoix de Saint-Marc… Le P. Argouarc’h aurait voulu que Denoix de Saint-Marc préface ce livre. Mais il était mourant. Et la préface est du R.P Yannick Lallemand : aumônier de la Légion étrangère, commandeur de la Légion d’Honneur, héros de Kolwezi et autres lieux, et qui vit mourir quelque 55 de ses parachutistes (sur 58 victimes) dans l’attentat du Drakkar au Liban en 1983.

Ces homélies du P. Argouarc’h, prononcées en divers lieux, tournent donc toutes plus ou moins autour de ce thème de la patrie, du double thème de la patrie terrestre et de la patrie céleste, qui sont étroitement unies dans la communion des saints. On le voit, ou plutôt on l’entend (car le style oral a été judicieusement conservé) à Riaumont, à Domrémy, à Reims le 15 août 1996, dans diverses chapelles où l’on célèbre la messe traditionnelle, mais aussi au Val de Grâce, pour les obsèques du commandant Guillaume, ou aux Invalides, pour celles du général Bizard… De même que patrie terrestre et patrie céleste sont unies, la royauté du Christ et la royauté française se conjuguent, dans des semons de l’Épiphanie ou à la basilique de Saint-Denis ou à la chapelle expiatoire. Et Notre Dame, c’est Notre Dame de France…

La piété qui imprègne toutes ces homélies est multiforme, c’est une piété qui paraît couvrir tous les aspects de la vie : nationale, familiale, spirituelle, sacerdotale, et scout, bien sûr… Et amicale. Le P. Argouarc’h fut marqué par une longue collaboration avec Serge de Béketch, et il ne cache pas qu’il fut « foudroyé » par sa mort, comme il le confesse dans l’homélie des funérailles, suivie de trois autres homélies et d’un autre texte encore sur l’ami de Radio Courtoisie et de Riaumont.

C’est assez dire qu’il y a là beaucoup d’émotion et de grandeur, et avant tout, à travers nombre de citations et références à la grande tradition de l’Église, une perpétuelle orientation vers l’essentiel. Dans un langage simple et familier, qui va droit au cœur. Et cela vaut pour tous. Car le P. Argouarc’h est de ceux qui se font comprendre des enfants quand ils parlent aux grandes personnes.

Yves Daoudal

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