La dictature du relativisme

Auteur : Roberto de Mattei

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La dictature du relativisme

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C’est une fois encore un beau et très utile travail qu’a effectué notre ami romain, le professeur de philosophie Roberto de Mattéi. Et il a eu la bonne idée de le publier aussi en français (qu’il parle parfaitement). (…)

C’est une fois encore un beau et très utile travail qu’a effectué notre ami romain, le professeur de philosophie Roberto de Mattéi. Et il a eu la bonne idée de le publier aussi en français (qu’il parle parfaitement).

Le relativisme est aujourd’hui la maladie de l’intelligence la plus répandue, mais elle puise dans un déjà très ancien détournement de l’aimable attitude civilisée de tolérance.

La tolérance authentique est une pratique de politesse, de sociabilité, d’écoute, de refus de jugement a priori, de considération des opinions des autres dans l’acceptation de ce qu’ils peuvent exprimer de vrai alors que nous pouvons être dans l’erreur.

Le détournement de la tolérance par le relativisme consiste à affirmer que toutes les opinions, toutes les religions se valent, qu’il faut les accepter également toutes. Et c’est là une affirmation souvent assenée avec vigueur, rage et fanatisme. C’est la « vérité », le « dogme » qu’il ne saurait y avoir de dogme ni de vérité.

Cela ne souffre généralement pas discussion. Il ne saurait y avoir de tolérance pour ceux que l’on taxe d’intolérance, pas plus que de liberté pour les ennemis de la liberté. On retrouve là les vieux sophismes voltairiens.

Avec une belle clarté pédagogique, Roberto de Mattéi inscrit sa réflexion dans le droit fil de celles de Jean-Paul II et de Benoît XVI qui ont opiniâtrement mis l’accent sur la perniciosité du relativisme et sa logique dictatoriale d’engendrement des deux grands totalitarismes modernes, nazisme et communisme. À partir du moment en effet que l’on en nie la réalité et que l’on refuse toute référence à la loi de conscience morale qui est au cœur de chacun mais que l’on brouille ou que l’on rejette trop souvent, alors ne règne plus que le subjectivisme, le bon plaisir, et donc ce que le loup de la fable de ce bon Jean de la Fontaine désigne comme « la raison du plus fort ».

La loi naturelle ou le totalitarisme

En confiant à Moïse, pour tous les hommes, les dix commandements, Dieu a explicité très pédagogiquement la loi naturelle de la conscience de l’homme si le mal ne la gangrène pas.

Le relativisme l’efface mais ne la supporte pas et la combat. L’idéo­logie, c’est-à-dire la « triomphante vérité » du plus fort, hors de toute référence à la loi morale éternelle et normative, débouche alors nécessairement sur le totalitarisme, par l’idolâtrie de l’idée triomphante. Les idoles dévoreuses s’appellent alors, selon les cas, classe, race, nation, État. En professant qu’il ne saurait y avoir de loi morale au-dessus de celles de la République, le jacobin Jacques Chirac était en absolue contradiction avec l’impératif évangélique et civilisateur de ne rendre à « César » que ce qui est à « César », de ne pas diviniser le pouvoir, même désigné démocratiquement, majoritairement, comme ce fut d’ailleurs le cas de celui d’Hitler.

Mattéi rappelle judicieusement un certain nombre de clairs propos de nos papes.

De Pie XII à la veille de la Seconde Guerre mondiale : « La racine profonde et ultime des maux que nous déplorons dans la société moderne est la négation et le refus d’une norme de moralité universelle, aussi bien de la vie individuelle que de la vie sociale et des relations internationales. C’est l’oubli de la loi naturelle elle-même, laquelle trouve son fondement en Dieu. »

De Jean-Paul II : « La loi établie par l’homme, par les Parlements et par tout autre instance législative humaine, ne peut être en contradiction avec la loi de nature, c’est-à-dire en définitive avec la loi éternelle de Dieu. »

Roberto de Mattéi décrit le processus totalitaire aujourd’hui se développant à travers trois phases :

La première est celle de la négation de la loi morale et d’une vérité objective, c’est l’équivalence du bien et du mal.

La seconde est l’institution de la déviance morale en vertu publique.

La troisième est celle de la censure sociale, de la répression judiciaire du bien.

Le moment est venu, conclut-il, de se rebeller contre la dictature du relativisme. On lira ensuite avec encore beaucoup d’intérêt ses observations très rigoureuses de la triste réalité actuelle et de l’aberration eurocratique dont il est un très brillant pourfendeur.

À propos de l’empire ottoman

Certaines de ses analyses sur le passé appellent tout de même de notre part quelques réserves. Et même une très forte pour ce qui est de son regret de la désagrégation désastreuse de l’empire ottoman qui, selon lui, représentait un interlocuteur politique et religieux pour l’Occident.

Certains, faisant fi des goulags, disent la même chose de la désagrégation de l’URSS. Nous parlerons donc à Roberto de Mattéi, qui pourtant préside l’association Lépante, des peuples chrétiens sous l’empire ottoman et du génocide des Arméniens et autres chrétiens de Turquie perpétré par les Jeunes-Turcs dans la continuité des immenses massacres et indicibles cruautés du sultan Abdul Hamid II. Ces derniers étaient de bons interlocuteurs de l’Allemagne et des modèles pour un certain Adolf Hitler.

Peut-être, sur ce point, Roberto de Mattéi a-t-il par trop résumé sa pensée ? Quoi qu’il en soit, cela n’est que très annexe et secondaire par rapport à son beau travail d’analyse et de réplique.

Bernard Antony

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