Yves Urvoy (1900-1944), Africaniste et penseur 

Auteur : Dominique Urvoy

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Yves Urvoy (1900-1944), Africaniste et penseur 

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La plupart de nos lecteurs connaissent au moins par nous ou par Cécile Montmirail quelques-uns des livres que nous avons recommandés des grands universitaires islamologues que sont Marie-Thérèse et Dominique Urvoy. Cette fois, Dominique Urvoy a écrit un livre apportant certes un précieux témoignage historique pour ceux qui ne supportent pas une vision manichéenne de l’histoire sur l’œuvre coloniale de la France et plus encore sur la complexité de la période de l’Occupation et de la Révolution nationale.

Avant tout, c’est le beau livre de piété filiale que Dominique devait à son père, plein de talents et de courage, mu par une grande foi et beaucoup d’amour pour sa famille et sa patrie.

Un père assassiné

Un père ignoblement assassiné, sans doute le 20 août 1944, après avoir été torturé sous le prétexte qu’il aurait été un « collaborateur ». Crime très certainement perpétré par un des groupes de sanguinaires F.T.P. communistes, français mais aussi espagnols qui s’étaient remis à piller, violer et tuer comme ils le faisaient quelques années auparavant de l’autre côté des Pyrénées, comme en Aragon notamment.

Les résistants non-communistes se doutant qu’il était dans la liste des tueurs rouges du parti stalinien l’avaient alors en vain adjuré de quitter pour quelque temps la région avec sa famille. Son grand ami avec lequel il avait fondé le groupe « Renaître », l’économiste François Perroux, plus proche des milieux gaullistes, lui avait donné le même conseil.

Yves Urvoy, qui appelait Hitler et Staline « les deux malfaiteurs » et qui n’avait rien à se reprocher, ne voulait pas croire qu’il pouvait être « liquidé » alors qu’il avait craint encore peu auparavant d’être arrêté par la Gestapo. Mais il fut assassiné sans autre forme de procès que celui de la barbarie rouge qui rêvait alors de conquérir le pouvoir en France comme en Pologne ou en Hongrie. Il fallait sans plus attendre éliminer le plus possible de ceux qui étaient connus comme de probables futurs résistants à l’emprise soviétique.

On ne lit pas sans émotion au cœur du livre les quelques pages d’évocation du crime et de son impunité. Après le crime, la dépouille d’Yves Urvoy avait été enterrée sur l’ordre du maire de Sembas. Quand elle fut retrouvée et identifiée, il ne fallut pas moins de vingt-et-un mois pour que le permis d’inhumer soit signé et que soit enfin accordé à Suzanne Urvoy qui élevait leurs cinq enfants, pension et allocations familiales. Mais sans rattrapage ; l’administration stipulant : « les arrérages au décès n’ayant pas été réclamés en temps voulu sont atteints par la prescription annale ». Grandeur de la bureaucratie !

Africaniste polyglotte

Avant le récit de l’assassinat, Dominique Urvoy retrace la fascinante carrière de son père, officier de grande culture, « l’africaniste ». La deuxième partie de l’ouvrage porte sur « le penseur ».

Yves Urvoy avait ajouté à l’étude du grec celle, assez poussée, de l’arabe classique puis du chinois. Il possédait la maîtrise des deux mille caractères principaux permettant de lire les textes usuels. En Afrique il put successivement maîtriser quatre langues : le haoussa, le tamacheq, le songhay, le bambara. Il y a ainsi plus d’une analogie entre sa vie et celle d’un Charles de Foucauld !

Yves Urvoy était un passionné d’ethnologie, d’anthropologie, de morphologie, de botanique aussi. Il trouva le moyen durant les onze années où il mena ses missions africanistes dans l’immense empire français dans l’Afrique noire, d’écrire une précieuse Histoire des populations du Soudan central. Mais il parvint notamment aussi parmi ses nombreuses explorations « à traverser en quinze jours le lac Tchad en pirogue de N’Guigmi à Djimtilo, pour remonter ensuite le Chari jusqu’à Fort-Lamy, simple et pur exploit, jamais réalisé auparavant et jamais depuis ». Et tout cela, avec une constante et concrète expression de sa charité chrétienne pour les populations frappées par les maladies endémiques.

Ainsi pouvait-il en être dans la saga de l’armée française et de l’aventure coloniale, si souvent défigurées univoquement avec des rétrospectives occultationnistes et les schémas d’un anticolonialisme idéologique.

Nous laisserons à nos lecteurs le plaisir de découvrir les différents aspects présentés ensuite par Dominique Urvoy des idées philosophiques, politiques, économiques de son père, bien sûr à interpréter dans le contexte d’une époque où les plus lucides s’efforçaient par-delà l’immense tragédie de la guerre et de l’Occupation, à penser l’avenir.

Bernard Antony

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